veillants ont voulu honorer en moi l’Académie à laquelle j’appartiens, et perpétuer cette union des sciences et des lettres que vous n’avez cessé de consacrer par une tradition constante.
On a raison de dire que les lettres sont les sœurs aînées des sciences. C’est la loi de l’évolution intellectuelle des peuples qui ont toujours produit leurs poëtes et leurs philosophes avant de former leurs savants. Dans ce développement progressif de l’humanité, la poésie, la philosophie et les sciences expriment les trois phases de notre intelligence, passant successivement par le sentiment, la raison et l’expérience ; mais, pour que notre connaissance soit complète, il faut encore qu’une élaboration s’accomplisse en sens inverse et que l’expérience, en remontant des faits à leur cause, vienne, à son tour, éclairer notre esprit, épurer notre sentiment et fortifier notre raison. Tout cela prouve que les lettres, la philosophie et les sciences doivent s’unir et se confondre dans la recherche des mêmes vérités ; car, si, dans le langage des écoles, on sépare, sous le nom de sciences de l’esprit, les lettres et la philosophie