Page:Bernard - La science expérimentale.djvu/87

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cette connaissance qu’il saisit et qui fuit toujours devant lui, qui devient à la fois son seul tourment et son seul bonheur. Celui qui ne connaît pas les tourments de l’inconnu doit ignorer les joies de la découverte, qui sont certainement les plus vives que l’esprit de l’homme puisse jamais ressentir.

Mais, par un caprice de notre nature, cette joie de la découverte tant cherchée et tant espérée s’évanouit dès qu’elle est trouvée. Ce n’est qu’un éclair dont la lueur nous a découvert d’autres horizons vers lesquels notre curiosité inassouvie se porte encore avec plus d’ardeur. C’est ce qui fait que, dans la science même, le connu perd son attrait, tandis que l’inconnu est toujours plein de charmes. C’est pour cela que les esprits qui s’élèvent et deviennent vraiment grands sont ceux qui ne sont jamais satisfaits d’eux-mêmes dans leurs œuvres accomplies, mais qui tendent toujours à mieux dans des œuvres nouvelles.

Le sentiment dont je parle en ce moment est bien connu des savants et des philosophes.