Page:Bernard - La science expérimentale.djvu/88

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C’est ce sentiment qui a fait dire Priestley[1] qu’une découverte que nous faisons nous en montre beaucoup d’autres à faire ; c’est ce sentiment qu’exprime Pascal[2], mais sous une forme peut-être paradoxale, quand il dit : « Nous ne cherchons jamais les choses, mais la recherche des choses. »

Pourtant c’est bien la vérité elle-même qui nous intéresse, et si nous la cherchons toujours, c’est parce que ce que nous en avons trouvé ne peut pas nous satisfaire. Sans cela, nous ferions dans nos recherches ce travail inutile et sans fin que nous représente la fable Sisyphe, qui roule toujours son rocher qui retombe sans cesse au point de départ. Cette comparaison n’est point exacte scientifiquement : le savant monte toujours en cherchant la vérité, et s’il ne la trouve jamais tout entière, il en découvre néanmoins des fragments très-importants, et ce sont précisément ces lambeaux de la vérité générale qui constituent la science.

  1. Priestley, Expériences et observations sur différentes espèces d’airs, t. Ier, préface, p. 15.
  2. Pascal, Pensées morales détachées, art. ix-xxxiv.