Page:Bernard - Laodamie, reine d’Épire.djvu/102

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Mille traits ſur le Peuple ont marqué ſa furie.
Les plus audacieux tremblent lors pour leur vie.
La Reine à ſon péril dédaigne de ſonger ;
Ce n’eſt que pour Gelon qu’elle craint le danger.
Loin d’éviter la mort à lui ſeul préparée,
Elle eſt près de ce Prince à ſon péril livrée.
Elle croit détourner les coups par ſon aſpect,
Et que pour ſa préſence on aura du reſpect.
Rien n’arrête Soſtrate, il ſe fait un paſſage :
Tu vas regner, Gelon, reçois donc mon hommage,
Lui dit-il ; mais lui-même il ſe livre à la mort.
Gelon vers lui s’avance, & par un prompt effort
Dans le ſang du perfide il lave ſon offenſe.
Soſtrate meurt. Milon en veut tirer vengeance :
Il lance un trait fatal, quel demon le conduit !
La Reine en eſt frappée, & dans l’inſtant il fuit.
Elle fait quelques pas pour aller juſqu’au Temple,
Nous laiſſant de ſon zele un glorieux exemple ;
On veut la ſecourir, mais le coup eſt mortel.
Elle invoque Diane, & meurt ſur ſon Autel.
Nous pourſuivons Milon, notre fureur l’accable.