Page:Bernard - Laodamie, reine d’Épire.djvu/11

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Mon Pere m’ordonna le triſte hymen d’Attale.
Prince de Péonie, allié des Romains,
Il crut qu’il maintiendroit le ſceptre dans mes mains :
Et ſi je n’obéïs, moi-même je m’attire
Des ennemis nouveaux qui menaſſent l’Épire.
Je m’immole, & mon cœur peut-il ne ſentir pas
Ses malheurs attachés au bien de mes États ?

LA PRINCESSE.

Si l’ordre ſouverain du feu Roi notre Pere,
Si des raiſons d’État, la contrainte ſévere,
Ne vous permettent pas de prendre un autre époux,
Madame, ce devoir va devenir plus doux.
Maintenant que ce Prince eſt couvert de la gloire
Que ſur l’Ætolien lui donne la victoire,
Daignez enviſager que de ſi grands exploits
Auroient pû mériter l’honneur de votre choix.

LA REINE.

Hé bien ! s’il a rendu ſon nom ſi redoutable,
Je le verrai plus fier, & non pas plus aimable,
Me demander ma main avec plus de hauteur,
Sans avoir mieux trouvé le chemin de mon cœur.
Cette férocité qui regne en ſon courage,
Son génie inquiet & toujours plein d’ombrage,