Page:Bernard - Laodamie, reine d’Épire.djvu/12

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Révoltent contre lui ce cœur infortuné,
Qu’à vivre ſous ſes loix le Ciel a condamné.
Et n’avez-vous pas vû quel penchant le domine ?
Le Prince de Sicile à qui je vous deſtine,
Déja par mille exploits redoutable & fameux,
Prêtoit trop de ſecours à nos deſtins heureux.
Attale, que bleſſoit ſa haute renommée,
N’a pû voir plus longtems ce Rival dans l’armée ;
Et pour lui dérober des triomphes certains,
Il nous l’a renvoyé ſous des prétextes vains.
Quel indigne motif ! quelle extrême injuſtice !
Et qu’avec lui l’hymen doit m’être un dur ſupplice !

LA PRINCESSE.

Madame, que je ſens ce que vous endurez !
Que je plains vos malheurs !

LA REINE.

Que je plains vos malheurs !Ah ! vous les ignorez.
Votre cœur juſqu’ici n’a que l’expérience
D’un amour mutuel heureux dès ſa naiſſance,
Que rien n’a traverſé, qui ne peut à vos vœux
Offrir qu’un avenir encore plus heureux.
D’un bonheur ſi charmant remplie & poſſédée,
Comment de mes malheurs prendriez-vous l’idée ?

LA PRINCESSE.

Un des plus forts liens qui m’attachent à vous,