Page:Bernard - Laodamie, reine d’Épire.djvu/18

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GELON.

Madame, ſouffrez donc qu’ici je vous expoſe
De mes empreſſemens une ſecrette cauſe.
S’il faut du Prince Attale attendre le retour,
Je crains de le trouver contraire à mon amour.
Il va s’aſſeoir au Trône où le Ciel vous fit naître ;
Et par les ſentimens qu’il m’a trop fait paroître,
Je ne me flatte pas que prêt à ſe voir Roi,
Sa plus tendre amitié doive tomber ſur moi,
Aux vœux que j’ai formés s’il entreprend de nuire,
Par combien de détours pourra-t’il ſe conduire !
Que de moyens ſecrets ſçaura-t’il pratiquer !
Ah, Ciel ! ſi mon bonheur venoit à me manquer,
Quel repentir ſuivroit la faute inexcuſable,
D’avoir ſi mal uſé d’un tems ſi favorable.

LA REINE.

Prince, vous comptez donc qu’Attale revenu,
Je ceſſe de joüir du rang que j’ai tenu,
Qu’il ne me reſte plus ni crédit ni puiſſance ?

GELON.

Madame, d’un Amant ſouffrez la défiance,
Il s’allarme ſans peine ; & plus un bien eſt doux,
Plus il nous ſemble prêt à s’échapper de nous.
Entrez dans ma foibleſſe, approuvez-la de grace ;
Mon amour croit toujours qu’Attale le menace ;