Page:Bernard - Laodamie, reine d’Épire.djvu/21

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ARGIRE.

Quoi ! le voudriez-vous ? votre ame trop épriſe
À la Princeſſe, à lui ſans ceſſe ſe déguiſe ?

LA REINE.

Il est vrai, ni mes yeux, ni ma bouche, jamais
De cet amour forcé ne découvrent les traits.
Je ſçai bien m’impoſer les plus dures contraintes ;
Je voudrois cependant qu’au travers de mes feintes,
Ce ſecret pénetré de qui ne peut m’aimer,
M’en fiſt plaindre tout bas & peut-être eſtimer.
Mais d’un pareil eſpoir l’erreur ſeroit extrême,
Il eſt trop occupé pour deviner qu’on l’aime ;
Subiſſons s’il ſe peut d’un cœur plus aſſuré
L’hymen, le triſte hymen qui nous eſt préparé,
Et ne prétendons point que l’on nous tienne compte
Du vertueux effort d’un feu qui ſe ſurmonte.
Ciel ! je fremis encor du deſtin qui m’attend,
Attale vient, Attale approche à chaque inſtant,
Mais que nous veut Soſtrate ? eſt-il tems qu’il m’accable
D’un inutile amour qui le rend haïſſable ?