Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
Scène IV.
LA REINE, ARGIRE.
LA REINE.
Ah ! qu’il l’épouſe, Argire, & qu’un prompt hymenée
Éteigne pour jamais ma flâme infortunée :
Qu’il l’épouſe. Pourquoi voulois-je differer
Ce qu’avec tant de ſoin j’avois ſçu préparer,
Ce qui ſeul peut briſer des liens trop funeſtes ?
ARGIRE.
Oui, de l’Amour par là vous éteindrez les reſtes,
Madame, vous avez trop longtems combattu,
Pour ne pas faire enfin triompher la vertu.
LA REINE.
Elle triomphera, j’ai trop été bleſſée,
Quand il m’a laiſſé voir une ardeur inſenſée ;
Un fol empreſſement, un ſoupçon mal fondé.
Je l’abandonne aux feux dont il eſt poſſédé,
L’ingrat n’a point connu que ſon impatience
Paroiſſoit à mon cœur une mortelle offenſe ;
Il n’a pas ſeulement pris ſoins de demêler
Les ſecrets ſentimens qui me faiſoient parler.