Page:Bernard - Laodamie, reine d’Épire.djvu/31

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À voir ſi c’eſt amour ou ſi c’eſt politique ;
Permettrez-vous ici, Madame, qu’une Sœur
Cherche vos ſentimens au fond de votre cœur.
Vous n’aimiez pas Attale, & ſa mort vous délivre
D’un devoir que vos vœux trouvoient cruel à ſuivre.
Vous vous en expliquiez quelquefois avec moi.

LA REINE.

Les chagrins qu’une mort toujours traîne après ſoi,
Le changement ſoudain que fait celle d’Attale,
Sa perte qui peut être à mes États fatale,
M’empêche de ſentir mon cœur en liberté ;
Ce cœur eſt moins eſclave, & non moins agité.

LA PRINCESSE.

Mais vous êtes du moins exempte de la crainte
De ſubir par l’hymen une dure contrainte.
Depuis qu’Attale eſt mort votre cœur eſt à vous ;
Et s’il pouvoit avoir des ſentimens trop doux,
Il doit enfin ceder au penchant qui l’entraine.
Qui vous arrêteroit ? Vous êtes libre & Reine.
Peut-être que vos vœux ſont tous pour la grandeur,
Mais ſi vous n’aimez pas, il vous manque un bonheur.