Page:Bernard - Laodamie, reine d’Épire.djvu/32

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LA REINE.

Que n’eſt-il vrai, ma Sœur, que je ſois inſenſible.
Que le Trône à l’amour n’eſt-il inacceſſible,
Puiſque ſi rarement il y peut être heureux.

LA PRINCESSE.

Il n’eſt plus de devoir qui contraigne vos vœux.
Qu’il m’eſt doux de penſer que votre cœur ſoupire !
J’aime, & permettez-moi, Madame, de le dire,
Cette conformité d’ardeurs, de ſentimens
Fait une liaiſon entre tous les Amans.
Aimez : l’Amour vous doit tout ce qu’il a de charmes,
Pour vous récompenſer d’avoir verſé des larmes.
Couronnez aujourd’hui votre aimable Vainqueur ;
Quel plaisir de donner un Sceptre avec ſon cœur !

LA REINE.

Il n’eſt pas tems encor de me trouver heureuſe,
De ma félicité l’apparence eſt trompeuſe :
Ma gloire & mon amour ont peine à s’accorder.

LA PRINCESSE.

Votre gloire ! & comment ſe le perſuader ?