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Scène VIII.

LA REINE, LA PRINCESSE, ARGIRE.
LA PRINCESSE.

Quoi ! la Reine me fuit, tout m’abandonne, hélas !
Arrêtez-vous, Madame, & ne me fuyez pas.
Ecoutez les ſoupirs d’une Sœur miſerable,
Qui vient ſe plaindre à vous du tourment qui l’accable :
Regardez mes malheurs avec quelque pitié.
Je crains d’avoir perdu déja votre amitié,
Et je viens cependant la demander encore,
Je viens vous faire voir l’ennui qui me dévore.
Encor que vous cauſiez ma mortelle douleur,
Je ſuis accoutumée à vous ouvrir mon cœur,
Il veut vous faire part de ſes peines ſecretes ;
Je me plains même à vous des maux que vous me faites.
On dit, (& ce diſcours remplit mon cœur d’effroi,)
On dit que dans ces lieux Gelon doit être Roi ;
Qu’à des pleurs éternels je ſerai condamnée,
Madame, & c’eſt par vous que j’y ſuis deſtinée.