Page:Bernard - Laodamie, reine d’Épire.djvu/62

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LA REINE.

Qui vous donne déja de ſi vives frayeurs ?

LA PRINCESSE.

L’amour, un tendre cœur qui ſent tous ſes malheurs ;
Soſtrate, qui nourrit mes chagrins par ſes craintes,
Nous avons mêmes maux, nous faiſons mêmes plaintes :
Mais vous, Madame, enfin par votre air interdit,
Ne m’en dites-vous point plus qu’il ne m’en a dit ?
Je vous parle peut-être avec peu de prudence,
Mais en votre amitié je mets ma confiance ;
L’artifice eſt peu propre à vous marquer ma foi,
C’eſt ma ſincerité qui doit parler pour moi.

LA REINE.

Ces ſentimens, ma Sœur, ont de quoi me confondre,
Ce n’eſt que par mes pleurs que je puis vous répondre ;
Ne pénétrez pas trop mon funeſte ſecret.

LA PRINCESSE.

Ah ! mon timide cœur le découvre à regret.
Madame, il eſt donc vrai, je n’en ſuis plus en doute,