Page:Bernard - Laodamie, reine d’Épire.djvu/70

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GELON.

Hé, je compte pour rien tous ces honneurs, Madame.
Le don de votre main, votre amour ſeul m’eſt doux.

LA PRINCESSE.

Hélas ! Prince, ma main ne ſera plus à vous.

GELON.

Que dites-vous, Madame ? Ah Ciel ! quel coup de foudre ?
De grace expliquez-vous.

LA PRINCESSE.

De grace expliquez-vous.Prince, il faut s’y reſoudre :
Pour la derniere fois je vous parle en ce lieu ;
Recevez d’une Amante un éternel adieu.

GELON.

De quelle prompte horreur ai-je l’ame ſaiſie ?
Un éternel adieu ! Vous m’arrachez la vie.
Où ſuis-je, juſte Ciel ! ai-je bien entendu ?
Un éternel adieu, Madame, m’eſt-il dû ?

LA PRINCESSE.

Il le faut, je le dois ; la Reine eſt ma rivale.
On vous appelle au Trône, & ma flâme fatale
S’oppoſeroit aux vœux que font tous nos États,
Pourroit vous dérober le fruit de vos combats,
Démentiroit le Ciel qui pour vous ſe déclare ?
Hé ! que ſeroit de plus une haine barbare ?
Non, non, connoiſſez mieux l’amour qu’on a pour vous :