Page:Bernard - Laodamie, reine d’Épire.djvu/75

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Madame, c’eſt à moi de vous demander grace.
Quoi ! malgré mes ſoupirs, mes pleurs, mon déſeſpoir,
Pourrez-vous vous reſoudre à ne me jamais voir ?

LA PRINCESSE.

Ah, Prince ! cachez-moi vos ſoupirs & vos larmes.
Lorſque vous m’attaquez avec de telles armes,
Vous me déſeſperez ; mon funeſte deſſein
Devient plus difficile, & non plus incertain.
J’en mourrai ; mais il faut que le tems vous conſole.

GELON.

Vous pourrez donc parrir ?

LA PRINCESSE.

Vous pourrez donc parrir ?Il faut que je m’immole.
Pour l’État, pour nos Dieux ſerez-vous ſans égard ?
Conſentez, s’il ſe peut…

GELON.

Conſentez, s’il ſe peutJe verrois ce départ !
Ah ! ſuſpendez du moins un deſſein ſi funeſte.
C’eſt dans ce mal preſſant le ſeul bien qui me reſte.
Madame, ſongez-y, vous me déſeſperez,
Mon trépas eſt certain lorſque vous partirez.