Page:Bernard - Laodamie, reine d’Épire.djvu/74

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Vous oublirez mon nom trop fatal & trop doux ;
Et ſi malgré mes ſoins je ſonge encore à vous,
Si ma tranquilité ne peut être parfaite,
Votre repos du moins eſt ſûr par ma retraite.

GELON.

Votre retraite, ah Dieux ! je ſçaurai l’empêcher :
Il n’eſt rien à mes yeux qui vous puiſſe cacher.
J’irai, n’en doutez point, dans tous les lieux du monde
Troubler de votre cœur la paix la plus profonde.
Fondé ſur vos ſermens que je veux maintenir,
Le Ciel même, le Ciel ne me peut retenir.
Un juſte déſeſpoir permet la violence ;
Et ſi vous mépriſez mes feux & ma conſtance,
Cruelle, vous verrez votre Amant furieux
Tout perdre, ſe venger, & mourir à vos yeux.

LA PRINCESSE.

Je ſens trop mes malheurs, cher Prince, à votre vûë.
Plus je differe & plus ma force diminuë.
Adieu, goûtez en paix le ſort qui vous attend.
Puiſſiez-vous être heureux, puiſqu’il m’en coûte tant !

GELON.

Je vois qu’il n’eſt plus tems d’employer la menace,