Page:Bernard - Le Prince Maximilien.djvu/8

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Pourquoi baisser les yeux, quand tu vas par les prés,
Sur le rose bouquet qui fleurit ton corsage ?
Sais-je si ton regard m’évite ou me sourit ?
Jamais sur moi tes yeux n’ont levé leurs paupières ;
Et pourtant, un amant se consume et périt,
Quand le destin cruel résiste à ses prières.
Ô belle Militza ! fille au regard hautain,
Dis-moi pourquoi tu vas, muette et dédaigneuse ? »

Et de sa douce voix, lyre au son argentin,
Elle répond ainsi, la charmante peureuse :
« Ami, n’arrête pas la vierge aux cheveux d’or :
Ces discours sont de ceux que la foule réprouve ;
La réputation est pour nous un trésor
Qui, tombé de nos mains, jamais ne se retrouve !
Laisse-moi m’avancer vers le riant côteau
Où ma mère en chantant dépose sur la table,
Pour le repas du soir, la cruche, le couteau,
Le pain bis, le lait pur qui parfume l’étable ;
Mais si jamais ton cœur, par l’amour dominé,
Se voulait enchaîner en un saint mariage,
Il est un autre cœur, dis, l’as-tu deviné ?
Qui du côteau pour toi descendrait au village.

Thalès Bernard.