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HÉLÈNE.



L’enfant rieur, la blonde Hélène,
Rêve à l’ombre du grand mûrier ;
Un livre est sur son tablier,
Mais ses yeux regardent la plaine.

Là-bas le moissonneur s’épuise
À faire tomber le blé mûr,
Pendant qu’au-dessus du vieux mur
Brillent la prune et la cerise.

« Eh quoi ! l’homme accablé travaille,
Dit la fille en réfléchissant,
Et, bien qu’il donne tout son sang,
Souvent il ne fait rien qui vaille.

» Mais l’arbre fait pousser ses branches
Tout seul, sans peine, sans efforts,
Et même, sur le front des morts,
On voit les marguerites blanches.

» La nature, toujours fertile,
N’a pas besoin de labourer ;
Ses enfants naissent sans pleurer :
À coup sûr, elle est bien habile !