mais un homme submergé ne peut plus parler. Je me noyois en effet ; les souscriptions me venoient de loin à loin et en très petit nombre. Des artistes, qu’il falloit payer comptant, travailloient avec activité : j’allois manquer de fonds et engager mes dernières ressources, lorsqu’après Dieu une branche me sauva du naufrage. Un libraire, homme de bien, M. Déterville, vint me demander la permission d’imprimer une édition in-8° de mes Études de la nature, sous mon nom, et semblable à mon édition originale in-12, à quelques transpositions près, avec le privilege de la vendre à son profit pendant cinq ans, moyennant six mille six cents livres, dont il me paieroit le tiers d’avance, et les deux autres tiers dans le cours de l’année. Je remerciai la Providence, qui m’envoyoit à point nommé une partie des fonds qui m’étoient nécessaires. Nous signâmes mutuellement, le libraire et moi, l’acte de nos conventions, qui toutes ont été remplies jusqu’à présent. Cette édition a paru en l’an XII (1804). Il y avoit environ trois mois qu’elle étoit en vente, quand un jeune homme de mes amis, qui se destine aux lettres, entra chez moi tenant à sa main un journal. Quoique naturellement gai, il avoit l’air sombre.
Que m’apportez-vous là, lui dis-je ?
Mon ami. Une nouvelle méchanceté du journal des Débats : vous en êtes l’objet.