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Page:Bernardin de Saint-Pierre - Paul et Virginie, Didot, 1806.djvu/29

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( xvii )

Moi. Vous me surprenez. J’ai toujours cru son rédacteur bien disposé pour mes ouvrages.

Mon ami. Avez-vous été le voir à l’occasion de votre nouvelle édition ?

Moi. Non, je ne l’ai même jamais vu. Il est journaliste ; et j’ai pour maxime que quand on donne à un particulier le pouvoir de nous honorer, on lui donne en même temps celui de nous déshonorer.

Mon ami. Lisez, lisez ; vous verrez comme il parle de vous. Il dit que vous n’êtes propre qu’à faire des romans ; que votre Théorie des marées n’est qu’un roman ; que vous avez la manie d’en parler sans cesse ; que vos principes de morale sont exagérés ; que vous n’avez aucune connoissance en politique. Pardonnez-moi si je répete ses injures, mais j’en suis indigné. Ce sont des personnalités dont vous devez vous faire justice.

Moi. Je lis rarement ce journal, parceque je trouve sa critique amère et souvent injuste. Son rédacteur est d’ailleurs un homme d’esprit ; mais ses satires répugnent à mes principes de morale ; voilà peut-être pourquoi il les trouve exagérés. Quant à mon ignorance en politique, il n’est guere question de cette science moderne dans mes Études de la nature. Mais pourquoi en a-t-il parlé ?

Mon ami. C’est peut-être que vos ennemis lui auront dit que vous ambitionniez quelque place.