Page:Bernardin de Saint-Pierre - Paul et Virginie, Didot, 1806.djvu/47

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l’ai dit dans la feuille d’avertissement insérée dans cette édition. J’y ai même parlé de quatre autres sujets in-8° de Paul et Virginie, tirés sur in-4°, dessinés et gravés par M. Moreau le jeune, qu’on peut réunir dans le même exemplaire, attendu qu’ils représentent des évènements différents.

La seconde planche a pour sujet Paul traversant un torrent, en portant Virginie sur ses épaules. Il a pour titre, Passage du torrent, et pour inscription ces paroles du texte, N’aie pas peur, je me sens bien fort avec toi.

Le fond représente les sites bouleversés des montagnes de l’isle de France où les rivieres qui descendent de leurs sommets se précipitent en cascades. Ce fond, âpre, rude, et rocailleux, releve l’élégance, la grace, et la beauté des deux jeunes personnages qui sont sur le devant, dans la fleur d’une vigoureuse adolescence. Paul, au milieu des roches glissantes et des eaux tumultueuses, porte sur son dos Virginie tremblante. Il semble devenu plus léger de sa belle charge, et plus fort du danger qu’elle court. Il la rassure d’un sourire, contre la peur si bien exprimée dans l’attitude craintive de son amie, et dans ses yeux orbiculaires. La confiance de son amante, qui le presse de ses bras, semble naître ici, pour la premiere fois, du courage de l’amant ; et l’amour de l’amant, si bien rendu par ses tendres regards et son sourire, semble naître à son tour de la confiance de son amante.