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de procès, de banqueroute, de calomnies audacieuses, de persécutions sourdes, et d’anarchie en tout genre, lorsque Bonaparte prit en main le gouvernail de l’empire. Son premier soin fut de conjurer les vents ; il renferma ceux de l’opinion dans des outres, et les força de souffler dans ses voiles.


regemque dedit qui fœdere certo
Et premere et laxas sciret dare jussus habenas.


« Il leur donna un roi qui, d’après des ordres supérieurs
et des moyens infaillibles, pût leur lâcher ou leur retenir
les rênes. »

Le Journal de Paris est rentré dans sa sphere, celui des débats est devenu journal impérial, et sans doute se rendra digne de ce titre auguste ; les nuages de mon horizon se sont élevés, et j’ai fait voile enfin vers le port.

Les fonds de mon édition tiroient à leur fin, et j’avois besoin encore d’environ 9 000 livres pour en solder tous les comptes. Le banquier dont j’avois éprouvé la faillite, voyant que je ne voulois pas accepter les vingt-cinq pour cent qu’il m’avoit offerts, et que j’étois décidé à réclamer le bien de mes enfants devant les tribunaux, me proposa de joindre à son offre pour 9 000 francs de billets sur une maison solvable, payables d’années en années. Enfin, sa vertueuse sœur venant à son secours me pria d’accepter pour les 12 000 livres restants de ma créance sur son frere, une maison de campagne qui avoit