Page:Bernhardt - Mémoires, ma double vie, 1907.djvu/111

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grands pour son faciès, et des cils drus et fournis qui faisaient ombre sur sa joue quand elle baissait les paupières et rejoignaient ses sourcils quand elle avait les yeux ouverts. Elle était têtue et triste. Elle restait parfois quatre, cinq heures sans desserrer les dents, sans répondre à quelque question qu’on lui adressât ; puis elle sautait de sa petite chaise, se mettait à chanter à tue-tête et dansait la bourrée.

Ce jour-là, elle était en belle humeur. Elle me caressa tendrement, desserra ses lèvres minces pour me sourire.

Ma sœur Jeanne m’embrassait et me faisait lui raconter mon audition.

Mon parrain me donna cent francs ; et M. Meydieu, qui venait d’arriver pour apprendre le résultat, me promit de m’emmener le lendemain chez Barbedienne pour me faire choisir une pendule pour ma chambre : c’était un de mes rêves.