À une heure précise, je me faisais annoncer dans le cabinet directorial.
M. Thierry, très froid, le nez plus congestionné que jamais, l’œil plus sournois, me fit un mortel sermon, blâma mon indiscipline, mon manque de respect, ma scandaleuse conduite, et finit sa piteuse harangue en me conseillant d’obtenir mon pardon de Mme Nathalie. « Je l’ai fait venir, ajouta-t-il. Vous allez faire vos excuses devant trois sociétaires du comité ; et si elle consent à vous pardonner, le comité jugera s’il y a lieu de vous imposer une amende ou de résilier votre engagement. »
Je restai quelques instants sans répondre.
J’entrevoyais ma mère désolée ; mon parrain s’esclaffant de son rire bourgeois ; ma tante Faure triomphant dans son : « Cette enfant est terrible !… » Je voyais ma chère Brabender, les mains jointes, sa moustache attristée, ses petits yeux larmoyants, si touchante dans sa muette prière. J’entendais ma douce et timide Guérard se disputer avec tout le monde, courageuse dans sa foi en mon avenir.
« Eh bien, Mademoiselle ? » dit sèchement M. Thierry. Je le regardai sans parler.
Il s’impatienta : « Je vais, dit-il, prier Mme Nathalie de venir ici. Et je vous prie de vous exécuter au plus vite, car j’ai autre chose à faire qu’à réparer vos sottises. — Oh ! non, Monsieur, n’appelez par Mme Nathalie, je ne lui demanderai pas pardon. Je veux quitter, résilier tout de suite ! »
Il resta confondu ; et sa rogue se fondit dans une grande pitié pour cette enfant indomptable et volontaire qui allait briser son avenir pour une question d’amour-propre. Il devint plus doux et poli. Il me fit