ronnée de lauriers. Il faut être plus souple, plus docile, plus sociable. »
Je le regardai et répondis : « Je sens, ami, que je ne serai jamais souple, ni docile. Je tâcherai d’être sociable : c’est tout ce que je puis promettre. Quant à ma couronne, je vous jure que, malgré mes sauts périlleux, et j’en ferai toujours, je le sens, elle ne bougera plus. »
Paul Meurice, qui s’était approché de nous, me rappelait cette conversation, le soir de la première d’Angelo, au Théâtre Sarah Bernhardt, le 7 février 1905.
Rentrée chez moi, je restai longtemps à causer avec Mme Guérard, puis, quand elle voulut partir, je la suppliai de rester encore. J’étais devenue si riche d’avenir, d’espérances, que j’avais peur des voleurs. « Mon petit’dame » resta près de moi et nous devisâmes jusqu’au jour levant.
A sept heures, nous prîmes une voiture. Je reconduisis ma chère amie chez elle, et je fis encore une heure de promenade.
J’avais déjà eu bien des succès : Le Passant, Le Drame de la Rue de la Paix, Anna Damby dans Kean, Jean-Marie. Mais je sentais bien que le succès de Ruy Blas les dépassait et que, cette fois, je devenais discutable, mais non négligeable.
Je me rendais souvent, le matin, chez Victor Hugo ; il était plein de charme et de bonté.
Quand je fus tout à fait en quiétude avec lui, je lui contai mes premières impressions, toutes mes stupides et nerveuses révoltes à son égard, tout ce qu’on m’avait dit, tout ce que j’avais cru dans ma naïve ignorance des choses politiques.