Puis je continuai par une prière au bon Dieu, pendant que Tobie s’endormait.
Alors, César apparut en poisson monstre et tout ce petit monde trembla de terreur : car César, très bien éduqué par le père Larcher, le jardinier, sortit lentement de dessous le jaconas bleu, son masque de poisson sur la tête ; deux énormes coquilles de noix blanchies, et trouées dans le milieu pour permettre à César d’y voir clair, étaient accrochées à des fils de fer qui tenaient au collier, lequel supportait des ouïes grandes comme des feuilles de palmier. César, le museau par terre, grognait, ronflait et, affolé, se jetait sur Tobie qui, armé de son gourdin, tuait du premier coup le monstre. Alors César tombait sur le dos, les quatre pieds en l’air, et s’affaissait sur le côté, faisant le mort.
Ce fut une joie folle dans la salle. On applaudissait, on trépignait ; les plus petites se dressaient sur leur tabouret, criant : « Oh ! mon beau César ! Oh ! le brave César ! Oh ! qu’il est bien, le chien-chien. »
Les sœurs, émues de la bonne volonté du gardien du couvent, secouaient la tête avec attendrissement. Moi, j’avais oublié que j’étais l’ange Raphaël, et accroupie, je caressais César : « Oh ! comme il avait bien fait le mort. Madame !… » Et je l’embrassais, levant une de ses pattes, puis l’autre… Et César, inerte, continuait à faire le mort.
La petite sonnette nous rappela à l’ordre.
Je me redressai ; et nous entonnâmes, soutenues par le piano, un Hosannah à la gloire de Dieu qui venait de sauver Tobie de l’effroyable monstre…
Puis le petit rideau de serge verte se ferma, et je fus entourée, choyée, adulée. Mère Sainte-Sophie vint nous