après cette prière d’actions de grâces, le public, mû par un sentiment religieux et discipliné, répéta : Amen.
Alors la mère de Tobie s’avança et parlant à l’ange, lui dit : « Noble étranger, prends place à notre foyer. Tu seras désormais notre hôte, notre fils, notre frère ! » Mais je m’avançai et, dans une tirade d’au moins trente lignes, je fis connaître que j’étais l’envoyé de Dieu, que j’étais l’ange Raphaël. Et, ramassant vivement la tarlatane bleu pâle cachée pour l’effet final, je m’enveloppai dans son nuageux tissu qui simulait mon envolée vers le ciel. Et le petit rideau de serge verte se ferma sur cette apothéose.
Enfin le jour solennel arriva. Dévorée par la fièvre d’attente, je n’avais pas dormi depuis trois nuits.
La cloche du réveil, sonnée plus tôt, me trouva debout, essayant de dompter mes cheveux que je mouillais pour les assagir.
Monseigneur devait arriver à onze heures du matin.
On fit donc le grand déjeuner à dix heures. Puis nous fûmes toutes rangées dans la cour principale.
Mère Saint-Alexis, la doyenne, était seule devant. Mère Sainte-Sophie, à deux pas derrière elle. L’aumônier se tenait à quelque distance des deux Supérieures. Puis les religieuses, derrière lesquelles les jeunes filles, et, derrière les jeunes filles, les enfants. Puis les sœurs converses et les servantes.
Nous étions toutes vêtues de blanc, avec la couleur de nos classes.
La cloche sonna à toute volée. Le grand carrosse entra dans la première cour. La porte de la cour principale fut ouverte ; et monseigneur Sibour parut sur le