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Page:Bernhardt - Mémoires, ma double vie, 1907.djvu/612

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XXXVII


Nous arrivâmes à Cincinnati sains et saufs. Nous donnions trois représentations et repartions pour La Nouvelle-Orléans.

Enfin, nous allons avoir du soleil ! Nous allons réchauffer nos pauvres membres endoloris par trois mois de froid mortel ! Nous allons respirer, les fenêtres ouvertes, de l’air pur au lieu de la suffocante et anémiante chaleur du steam.

Je m’endors, et les rêves tièdes et parfumés viennent bercer mon sommeil. Un coup frappé à la porte m’éveille en sursaut ; et mon chien, les oreilles dressées, flaire sous la porte, mais il ne grogne pas, il n’aboie pas. Donc c’est quelqu’un des nôtres. J’ouvre, et Jarrett, suivi d’Abbey, me fait signe de la main de ne pas parler. « Chut ! chut ! » Il entre sur la pointe des pieds et referme la porte. « Quoi ? Qu’est-ce qui se passe ? — Eh bien, me dit Jarrett, les pluies incessantes depuis douze jours ont fait monter l’eau à une telle hauteur, que le pont de bateaux qui traverse la baie de Saint-Louis, ce qui doit permettre à notre train de nous