Page:Bernier - Au large de l'écueil, 1912.djvu/116

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
114
au large de l’écueil

— Autant que vous l’affirmez ! répond-elle. Il ne faut pas m’en faire un crime… Tout me défend d’y croire…

— Ainsi, dans votre sentiment de tout-à-l’heure, il y avait plus de pitié que d’admiration !…

— Pardon, je sens que j’aime la campagne canadienne-française ! dit-elle.

— Tout en niant le Dieu qu’elle adore !… Il n’y a donc rien, dans les sources de votre âme, qui vous parle de lui !…

— Rien, Monsieur Hébert !…

— Et que pensez-vous du Christ dont les plaies saignent sur le Crucifix de l’autel ?

— Il me rappelle tout ce que m’en a dit Renan !

— Et des paroles enflammées du prédicateur ?

— Elles me font songer à tout ce que Voltaire m’a enseigné des prêtres !…

— Et de l’amour des chants sacrés ?…

— Ils exaltent la puissance de la matière qui les apporte à mon cœur !…

— Et de la messe qu’on murmure ?

— Elle évoque à mon souvenir les temples de jadis et la superstition grecque !…

— Et des miracles sans nombre ?… À droite, à gauche, ils ont amoncelé leurs preuves…