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au large de l’écueil

— Vous êtes méchante… Vous savez bien que je revivrai souvent les bonnes semaines qui achèvent… Je serai heureux, si je suis digne de votre souvenir…

— Une telle admiration me touche infiniment… Je n’ai pas d’expressions pour vous en remercier… Mais il ne faut pas me faire la part trop large… Vous oubliez qu’une autre vous attend, qu’elle sera toujours près de vous pour accrocher vos lauriers à la muraille, que je dois fatalement n’être que l’amie dont l’affection lointaine ne saurait égaler la tendresse de l’épouse éperdument chérie… C’est de celle-ci que, par l’action courageuse et le rêve sain, vous allez vous rendre digne !… C’est à elle que vous prodiguerez l’hommage de votre puissance et de votre gloire !…

— Oh oui, j’ai souvent rêvé à celle qui viendrait… J’ai toujours respecté ce rêve… La seule manière d’en avoir le culte, c’est de respecter toutes les femmes… Ceux qui ne le connurent pas, disent que c’est la folie sentimentale… Sans doute, on est fou d’espérer l’irréel, mais, dites-le-moi, est-ce impossible de trouver un cœur dont le vôtre est rempli comme un vase qui déborde ?…