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Page:Bernier - Au large de l'écueil, 1912.djvu/224

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au large de l’écueil

de bornes, et dès qu’ils ont sur nous le moindre avantage, ils le proclament à tous les vents du ciel !… Il nous comprend, dis-tu : c’est de l’hypocrisie, te dis-je… S’il nous comprenait, il serait avec nous !

— Vous me reprochez d’être généreuse, comment pouvais-je ne pas l’être avec lui ? Il est si bon, si magnanime lui-même !… Il n’a pas de haine contre nous, mon père…

— Impossible ! il est un catholique enraciné, il doit nous haïr…

— Il nous méprisait avant de nous avoir rencontrés… Il croyait que nous étions tous des poseurs à l’indifférence, que nous n’étions pas sincères… Depuis qu’il est convaincu, par nous, qu’il y a des athées francs, il nous aime, tout en nous combattant !…

— Alors, c’est depuis qu’il t’a vue, qu’il nous aime, répondit Gilbert, que son soupçon de tout-à-l’heure reprenait.

— Il n’a plus de rancune contre nous, mon père, c’est tout ce que j’ai dit, balbutie Marguerite, épouvantée par le ton sévère de Gilbert, et craignant d’avoir laissé poindre son secret par mégarde.