Aller au contenu

Page:Bernier - Au large de l'écueil, 1912.djvu/225

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
223
au large de l’écueil

— Et si c’était moins les sectaires et tes parents qu’il aime que toi, ma fille ?…

— Il ne m’a rien dit de tel, répondit la jeune fille, que trahissait une pâleur intense.

— Une femme devine toujours, quand il y a de l’amour autour d’elle !… Et maintenant, je veux une réponse nette et libre !… Ce Canadien-Français t’aime-t-il ?…

— Je ne saurais dire, murmure-t-elle.

— Tu doutes !… C’est un aveu, cela… Tu sais, tu as la certitude qu’il t’aime !… Il te l’a dit peut-être ?…

— Oh ! mon père ! ce n’est pas vous, cela, vous me tendez un piège, je viens de vous déclarer que je n’en sais rien…

— Je te demande pardon, ma fille, je ne voulais pas cela… Mais, vois-tu, à la seule pensée qu’il peut t’aimer, je me révolte !… Il ne peut avoir eu cette audace !… Il est ton ami, c’est très-bien, mais pas autre chose !… Et pourtant, si c’était vrai !… Je me suis conduit comme un écervelé : laisse-t-on des jeunes gens se voir autant que je vous le permis ?… Ce serait un rude hypocrite, alors, il nous aurait dépistés par ses faux airs de cicérone désintéressé !… Mais oui,