Page:Bernier - Au large de l'écueil, 1912.djvu/240

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

IX


— Courage, Marguerite, disait Jeanne à la Parisienne un peu hors d’haleine, quelques minutes encore, et nous arriverons… Là-haut, vous serez largement récompensée de votre fatigue !…

— Vous sentez-vous bien lasse ? s’inquiète Jules, avec douceur.

— Vous êtes si gentils, tous les deux, que je ne sens guère ma fatigue, répond Marguerite, avec un sourire triste.

— La forêt est moins dense, la végétation se clairsème, ajoute le jeune homme. Il en est des plantes comme des hommes : il y en a moins qui vivent dans les hautes sphères !…

En effet, depuis quelque temps déjà, ils ont quitté la petite oseille écarlate et faraude, les convolvulus amoureux, les avoines folles et pimpantes, les mourons étoilés, les cotonniers pourpres, les sureaux de neige, les silènes ivres et lourds, les moutardes aveuglantes. Ils aperçoi-