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au large de l’écueil

le savez bien, mère… Il n’y a, pour cela, d’autre remède que soi-même…

— Et s’il t’avait menacé du malheur que tu redoutes ?…

— Je crois que cela eut été la même chose, vraiment… Il fallait que la crise, amassée comme un nuage trop lourd dans mon âme, crève et fonde… Enfant naïve que j’étais, j’ai cru qu’une larme d’adieu suffirait à la vengeance de la passion étranglée en moi-même…

— Il n’est donc pas fini, cet amour néfaste ?…

— Il ne finira jamais, mère…

— Comment l’aimes-tu encore, après tant de mal ?…

— Je l’aime davantage, parce que je l’aime plus profondément, plus saintement… Je penserai à lui, désormais, sans amertume et sans violences… Au fait, vous n’avez pas oublié mon message à Jeanne Hébert, n’est-ce pas ? Vous a-t-elle répondu ?…

— Pas encore, mon enfant…

— Oh ! Que j’ai hâte de la voir !… Il faut qu’elle ne tarde pas. Mère, je distingue à peine votre charmant visage… Je perds mes yeux à chaque instant, goutte à goutte… Mon père