Page:Bernier - Au large de l'écueil, 1912.djvu/281

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
279
au large de l’écueil

de salut !… J’ai crié vers un Être quelconque, vers celui qui me délivrera… Le nom de Dieu m’est venu malgré moi, comme tout autre aurait pu venir !… Sauvez-moi, quelqu’un, Lui ou un autre, vous ou un médecin, Jules Hébert ou son Christ, venez à mon secours, quelqu’un !… Les hommes n’ont donc rien trouvé pour guérir le désespoir !…

— Dis, mon enfant, tu ne crois pas à Lui ? implore Gilbert.

— Le sais-je, moi ?… Donnez-moi, je vous en conjure, une espérance de vous revoir tous, un jour, tous ceux que j’aime !… Qu’avez-vous à m’offrir, s’il faut endurer le supplice des yeux vides jusqu’à la fin des jours ?… Non, c’est trop douloureux, ce que je sens là !… On doit éprouver cela, quand on nous entre un poignard dans la chair, quand la soif nous étrangle, quand l’agonie nous empoigne au cerveau !… Il faut qu’on déchire ces ombres, là, qui envahissent, qui tuent !…

— Mais que pourrait-il t’offrir, Lui ?…

— Sa Lumière, la vision éternelle, le regard plongeant dans les abîmes de l’infini…

— Ah ! ce Jules Hébert que j’abhorre, ce cana-