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au large de l’écueil

dien-français abject ! Voilà donc ce qu’il t’a enseigné, le misérable hypocrite, il t’a fait le catéchisme, inoculé le virus de la superstition !… Comme lui, comme les siens, tu as la bouche pleine de Dieu, d’éternité, de Lumière des choses… Mais c’est lui, ce lâche, qui t’a valu la souffrance et t’a brisé les yeux en te broyant le cœur !… Tu ne le hais donc pas ?… Faut-il qu’il joigne la honte à tous les maux dont il a jonché ton âme ?… Quel est cet art diabolique avec lequel il t’a ligotée de chaînes ?… Il enveloppe ton existence d’un deuil effroyable, et tu l’aimes toujours !… Une semaine encore, et tu abjurais la Libre-Pensée, tu m’apostasiais… Je l’exècre, je le maudis !… S’il était devant moi, je me jetterais sur lui, j’en ferais de la charpie !…

— Je vous supplie de ne pas frapper Jules Hébert, c’est moi-même que vous brisez… Je vous en conjure, mon père, calmez votre fureur… Peut-être est-ce le dernier jour où je pourrai vous entrevoir… Laissez-moi deviner, sur vos traits, toute leur douceur pour que j’en garde l’empreinte au fond de mon être… Je veux sentir, dans vos yeux, tout votre amour pour moi… Approchez vous aussi, mère, que je vous sache