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au large de l’écueil

re que c’est nous qui sommes dans l’erreur ? Si le cœur vous en dit de mourir comme le vulgaire animal que le talon écrase, libre à vous, mais n’aurions-nous pas raison d’aspirer vers une survie qui apaisera notre faim, de joie sans bornes ?… Où est la honte à nous courber sous le mystère ? Il est des interrogations, dans l’être de Marguerite, auxquelles vos doctrines n’ont jamais répondu, ne répondront jamais, je les en défie !… Jules a parlé de sa foi sans arrière-pensée, sans hypocrisie, je le répète !… Quand le désespoir s’est déchaîné dans l’âme de Marguerite, elle a eu le désir d’une espérance par-delà les années de martyre qui entassaient leur horreur devant elle !… Vous n’aviez rien à lui donner, vous le savez bien, Dieu lui promit l’extase du ciel !… Ce fut la prière, cela !… Et maintenant, je vous en supplie, oubliez votre haine, donnez-moi votre enfant demain, plus tard, dès qu’elle en sera capable, et je vous promets de vous redonner ses beaux grands yeux ! J’en suis certaine, Dieu la sauvera, Sainte-Anne de Beaupré la guérira !…

— Oui, tu as raison, Jeanne, je crois en tes paroles, dit soudain Marguerite, que le plai-