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au large de l’écueil

doyer émouvant de la petite Québécoise avait enflammée. Pardon, mon père, c’est irrésistible… Je suis toute imprégnée d’une Présence étonnante et radieuse !… Une puissance me possède, et j’en suis ravie au-delà de tout ce que je peux dire !… C’est comme si les flots d’un Amour immense venaient chanter dans mon âme comme sur un rivage !… Et je ne sais quel transport m’enchante !… J’ai besoin de prier, de prier longtemps !… Oui, je n’ignore plus ce qu’il faut Lui dire, je sens qu’Il va m’écouter, je suis certaine de Lui !… Oh oui, vous allez me guérir, mon Dieu, je le devine, je le sais !…

Au cours de ces ardentes paroles, une éclaircie magique s’ouvre dans l’âme enfiévrée de Gilbert Delorme. La rage, en lui, s’éparpille. Il perçoit, dans la flamme dont l’imagination de son enfant brûle, une possibilité extraordinaire et prodigieuse. Croyant aux ressources illimitées de la nature, il se rappelle que la science en ignore presque tout, que l’auto-suggestion en est un des pouvoirs admirables et féconds. Mais oui, pourquoi pas ? La volonté, surchauffée jusqu’au paroxysme, ne pourrait-elle pas triompher du mal ? Pourquoi ne pas exploiter ce délire d’en-