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au large de l’écueil

ra plus douter d’elle. Une exaltation mystique irradie son imagination. C’est comme si une âme nouvelle filtrait dans la sienne. Et l’athéisme, écrasé dans ses dernières tranchées, fuit le champ de bataille. Marguerite est ardemment certaine que Dieu, à travers le sourire de la grande sainte, arrachera de ses yeux la nuit pesante et leur versera l’aurore et le soleil. Son père, illuminé, adorera le Christ de Jules Hébert, et l’âme de la jeune fille se dilate en une vision de bonheur.

— Nous arrivons, Marguerite, murmure Jeanne, à voix si basse que son amie l’entend à peine.

— Je ne comprends pas ce qui bout en moi, répond celle-ci, je trouve que nous n’allons pas assez vite encore, je suis très impatiente de m’agenouiller aux pieds de la grande Sainte…

— Nous nous agenouillerons ensemble, tout près l’une de l’autre, ajoute la petite Québécoise, fortement émue. Il faudra bien qu’elle s’attendrisse…

— Est-il nécessaire de prier comme vous pour être entendue ? demande la Française. C’est que, si neuve à Dieu, je ne puis égaler votre ferveur