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au large de l’écueil

douce, il faut que cela vienne, que vous soyez pitoyable !… Grande Sainte, je vous en conjure, faites rayonner un dernier sourire au Dieu qu’il attendrira sur ma misère !… »

Une détente de tous les nerfs endoloris se résout en larmes qui filtrent des yeux morts, étrangement apaisantes et suaves. Une vague de bonté surhumaine gonfle son être d’une ivresse inconnue. La certitude qu’elle avait de guérir, cesse d’être exaspérée, devient calme et sereine. Elle attend, sans crainte, sans désespoir, la résurrection de ses yeux. La félicité profonde l’envahit toujours davantage. Tout-à-coup, son âme s’élargit, s’illumine, se magnifie, s’envole tout d’un essor vers des cîmes radieuses d’où elle plonge dans un gouffre immense de béatitude. Les prunelles, dilatées soudain, béantes et limpides, s’emparent triomphalement de la lueur d’or que le soleil vient de lancer dans le Chœur de la Basilique…

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Le convoi électrique roule à grande allure égale et ronflante vers Québec. Isolés des rares voyageurs, le sectaire et les deux pélerines sont taciturnes. Marguerite se repaît du tableau que