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au large de l’écueil

— C’est donc ici la grande plaine ! murmure la jeune fille à voix basse.

— Oui, Mademoiselle, c’est le Waterloo de la Nouvelle-France ! répond Jules, avec recueillement.

— On s’est battu jusque là-bas ? interroge Marguerite, et sa main désigne le petit bois d’où les Anglais vinrent.

— Oui, partout, le sol a bu le sang des braves… Il est presque sacrilège de fouler cette herbe aux pieds… Elle pousse en terre sacrée !…

— Cet édifice lugubre est une caserne, je suppose ?…

— C’est la Prison… Espérait-on que l’âme des vaillants, portée sur la brise jusque dans les cellules, allait régénérer les criminels ? Je l’ignore… Toujours est-il que le crime dort sur le champ d’honneur…

— Ces arbres, tout près de nous, sont jeunes : ils n’étaient pas là, quand la chose terrible eut lieu, remarque-t-elle.

— Ils n’y sont guère que depuis trois ans… C’est le Parc des Batailles qui grandit !… N’est-ce pas un nom qui sonne ? En le prononçant, il nous vient une vision de gloire et d’exploits…