Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/103

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— Qu’y pouvons-nous faire, Jean ? L’apathie est générale, immense…

— Secouons du moins celle qui nous possède !

— Comment ? Elle nous tient si bien !  !

— Le sais-je, moi ?

— Tu affirmais, il y a un instant.

— J’affirme de nouveau, Paul. Je sens que nous pouvons être des patriotes ! Soyons-le, veux-tu ? Si nous ne pouvons l’être d’une façon militante, soyons-le en nous-mêmes, ayons le souci des questions nationales, intéressons-nous à l’avenir de notre race. Quelques vaillants combattent, admirons-les. Ouvrons en notre cœur un sanctuaire pour le culte de la race comme nous en avons un pour le culte de Dieu ! Les paroles de ce soir étaient belles, nous ont grandis : qu’elles ne se perdent pas en nous comme des nuages, mais qu’elles demeurent comme des raisons supérieures de vivre ! Respectons notre race dans l’inférieur, le domestique… l’ouvrier. Respectons notre langue, sa pureté, sa noblesse, parlons-la avec piété, avec bonheur. Apprenons à lire notre histoire pour qu’elle nous donne l’orgueil de relever la tête, quand on nous insulte… Tu le disais toi-même : soyons des individus qui ajoutent un peu d’auréole à leur race !

— Et nous insufflerons à nos fils, à nos filles, Jean, l’âme de notre race, nous leur transmet-