Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/111

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c’est reculer devant l’adversaire. Décidément, la rencontre aura lieu…

— On se fait attendre ! dit Yvonne, légèrement agacée, nerveuse, lorsque son frère entre au salon. Le désespoir nous gagnait, Lucien et moi…

— Pour si peu ! répond Jean, très calme.

— Comment es-tu, Jean ? s’écrie Lucien.

— Plutôt bien… Et toi ?

— Merveilleusement !

— À la bonne heure, Lucien ! Quel minois dodu tu as, en effet ! La vie te cultive…

— Comment cela ?

— En te regardant, je me disais : quel beau fruit !

— Monsieur le docteur a un joli tour de vous dire que vous êtes en la meilleure santé.

— Monsieur le docteur est en verve, ce soir ! plaisante Yvonne. Quelle métamorphose depuis le dîner ! il était plutôt lugubre au potage, à peine moins sombre à l’entremets… il daigna sourire au dessert : quelle largesse !

— Tu oublies, ma sœur, quel apéritif tu m’avais servi.

— Nous n’avons pas le même goût, c’est évident.

— J’aurais partagé le vôtre, mademoiselle,