Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/112

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vous n’en doutez pas ? roucoula le beau Lucien, le visage ruisselant de molle tendresse.

— Il est très probable que son goût ne t’eût pas été désagréable ! Je puis même affirmer que tu en eusses été ravi.

— Et moi qui ne rêve que de ravissements…

— Yvonne, ravis-le, je t’en prie !

Un éclat de rire, qu’elle a dompté jusqu’ici, sort à jets harmonieux du gosier d’Yvonne. Jean s’étonne de lui-même : la détente de ses nerfs cause-t-elle cette explosion d’humeur cinglante ? Comme du feu, la raillerie pétille en son imagination : que devient l’assurance d’être bon, d’être courtois ? Son langage a côtoyé l’insolence. Il refoulera ce torrent de malice qui déborde.

Lucien, dont le visage est figé d’un sourire mal à l’aise, balbutie enfin :

— Ce mystère… m’amuse… un peu, mais je désirerais que la lumière soit !

Yvonne a le remords de son étourderie ; elle ne s’est pas souvenue de l’impasse où l’avait entraînée la susceptibilité guerrière de son ami.

— Nervosité de jeune fille ! dit-elle, implorant des yeux le pardon nécessaire. Ne vous inquiétez pas, mon ami ! Jean badine. Il le fait de bonne grâce, veuillez le croire. Je suppose que j’avais besoin de rire. Il n’est pour nous, femmes, que la réaction la plus vive pour nous soulager