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CE QUE DISAIT LA FLAMME…

il a hâte de se mettre aux prises avec la maladie meurtrière et de lui arracher la vie qu’elle assaille. L’inconnu des forces vitales l’appelle : il veut observer leur délicat mécanisme, ignorer toujours moins la résultante de leurs réactions brusques. À mesure que son imagination s’échauffe, il ne doute plus qu’il n’y ait pour lui, dans cette manière d’utiliser ses facultés cérébrales, une vocation merveilleuse. Il se souvient d’avoir, tout récemment, vibré à la lecture d’une biographie : celle-ci redisait comment un médecin s’était enfermé dans son laboratoire comme dans un cloître et comment, son intelligence acharnée tous les jours aux découvertes scientifiques, il avait trouvé le bonheur et la gloire.

L’impression est demeurée vivace en lui-même. Cessant d’être un caprice de la mémoire, le rêve se précise, lui révèle tout ce qu’il a de réalisable et de séduisant. Il ne s’attribue certes pas le génie du savant qu’il a tant admiré, ni même des dons vraiment supérieurs, mais l’émotion qui l’envahit est si forte qu’il est vaincu par elle et se laisse entraîner jusqu’aux horizons qu’elle atteint. Une vision magnifique lui dilate le cerveau, elle évoque un laboratoire, le sien, où il travaille, où il est libre, où il est quelqu’un : environné d’instruments subtils, l’atmos-