Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/171

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— Qu’il est sauvé, maman ! s’écrie Lucile, radieuse.

— Ça ne prend plus, tu sais !

— Comment ! tu ne veux plus ?

— À quoi sert-il de vouloir contre la mort ?

— C’est une vérité puérile, mais c’est le temps de la redire : aussi longtemps qu’il y a de la vie, ce n’est pas la mort… Et la vie a joué de très-vilains tours à la mort ! riposta Jean.

— Mais il y a un tour de la mort qui vaut tous ceux de la vie contre la mort, c’est qu’elle tue la vie !

— Bien retourné, madame ! Chacun son tour, cependant… La vie aura le dessus, vous dis-je !

— On dirait que tu n’y tiens plus, dit la jeune fille.

— Dame ! ce n’était pas facile de tout croire cela d’un coup… Il fallait que je m’habitue. Demandez-lui, monsieur le docteur, quelle crise j’ai eue tout-à-l’heure. Une enfant, quoi !

— Je vous admire !

— Je ne vous comprends pas, monsieur le docteur.

— Vous avez un grand cœur.

— Parce que j’aime mon mari ? Parce que de le voir mourir, la tête me chavirait ? Vous êtes drôle, vous ! s’étonne Germaine.