l’ampleur des joues ? Le fils n’accuse plus, il s’incline.
— Pourquoi me regardes-tu comme cela ? dit le père, avec une brusquerie affectueuse. On dirait que tu songes à me dévorer ! Es-tu fâché contre moi ? à cause de ce que j’ai dit ? Les petites vantardises, ça échappe. J’admets que je me suis emballé un peu… Je suis content de moi, ce soir, voilà ! Tu as bien ton petit orgueil, toi aussi, va !
— J’ai même un gros orgueil, père !
— Je le savais bien !
— C’est toi !
— Voilà une bonne plaisanterie, par exemple ! s’écrie Gaspard, flatté ineffablement. C’est que… Ah ! ne te moque pas de moi… C’est que… avec vous, les gens instruits, on ne sait pas toujours quelle pensée vous trotte derrière la tête.
— Mon respect, tu en es sûr, n’est-ce pas ?
— Je ne suis pas sérieux… Tu es un fils comme il n’y en a pas beaucoup. Je te remercie de la joie d’être ton père…
— Tu me payes tout de suite, et généreusement ! badine Jean. Un bon fils… Aujourd’hui, c’est un peu discrédité, un peu moisi… mais j’accepte de grand cœur.
— Les bons fils comme toi seront toujours à la mode, ne moisiront jamais !