— Voulez-vous être assez bon de me dire si c’est bien ici la demeure de Monsieur Fontaine ? lui demanda-t-elle, un peu balbutiante.
— Vous désirez le voir immédiatement, Madame ? répond-il, plus mal à l’aise qu’il ne le voudrait, sous l’humidité des yeux profonds.
— Oui, Monsieur, le supplie-t-elle, remuée par cette voix grave et chaleureuse.
— « C’est dommage que vous ne puissiez pas le voir à l’instant même. Il est allé à Lorette… » S’apercevant qu’elle en est vivement déçue, il précise afin qu’elle ait le temps de vaincre son trouble : « Oui, Madame, une excursion d’automobile… Ma sœur l’accompagne. Ils reviendront tout à l’heure. Faut-il que vous l’attendiez ?
— Non, Monsieur, ce n’est pas nécessaire… Vous pourrez le lui dire vous-même, si vous avez cette bonté…, commence-t-elle à expliquer. Plusieurs secondes de silence interviennent. Elle cherche des expressions. Et pourtant, la chose lui avait paru si simple, elle se l’était redite à toutes les minutes de la dernière heure. Oh ! qu’elle aurait préféré tout dire à Monsieur Fontaine lui-même ! Maintenant qu’il faut parler à ce jeune homme, c’est différent, le petit discours échappe. Elle se croit ridicule, Jean la trouve exquise, ainsi farouche, ainsi tremblante.