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CE QUE DISAIT LA FLAMME…

— Au programme, tout naturellement, les ambitions s’accumulent… Devenir Canadienne-française ardemment, passionnément, j’allais dire… Être éprise de ta race, de sa légende et de son histoire, avoir conscience de son génie et de son destin… Parler ta langue avec respect, avec amour… Ne pas railler ceux qui exaltent l’ancêtre et la tradition, ne pas te faire complice des égarés qui ont perdu le chemin du grand passé… Ai-je besoin de te le rappeler, devenir une femme digne, complète, admirable d’intelligence et merveilleuse de cœur, une femme sereine et forte, un rayonnement de la race, un envoi d’ailes ambitieuses pour l’élever !… Oui, ma petite Yvonne, être supérieure ne gaspillerait nullement le charme de ton regard et les délices de ton salon !… Dois-je le redire ? te faire une mission de guider ton mari vers la même noblesse et la même force… Ah ! si vous êtes ainsi généreux, ainsi beaux, quels enfants libres et forts ne s’envoleront-ils pas de votre nid pour battre de l’aile aux cimes de l’énergie et de la bonté !… Et tu appelles tout cela un martyre ? comme si vivre en la plénitude de vivre était une souffrance. Ne te sens-tu pas moins éloignée du bonheur, Yvonne ? Ne revois-tu pas ce que ta jeunesse fière attendait ?… Ah ! comme il serait puissant, ton cœur ! N’y a-t-il pas des pauvres qu’un peu de