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CE QUE DISAIT LA FLAMME…

lui ferait si riches de joie ? N’est-il pas des haines qu’un sourire apprivoise et des laideurs qu’une larme efface ? N’y a-t-il pas des jeunes filles dont il faut détourner la fange ? N’y a-t-il pas la croisade invincible de toutes les bienfaisances, de tous les relèvements, de tous les orgueils, de toutes les espérances ?

— « Ah ! la voici, ta fameuse idée ! Faire de la vraie besogne pour la race ! » interrompt Gaspard, frémissant d’intérêt, anxieux d’aborder la solution pratique, la seule qui l’émerveille. Jusqu’à ce moment de la discussion entre la jeune fille et Jean, ses lèvres tendues n’ont pas bougé. C’est qu’ébloui par la verve enthousiaste de son fils, ou plutôt, dompté par la conviction dont elle déborde, il est comme roulé par elle sans rien pour la refouler, pour la combattre. Il en avait même oublié la flatterie d’une alliance avec Henri Desloges. Une pensée plus grave l’occupe sourdement. Une domination telle émane de Jean qu’il essaye de le comprendre et réfléchit avec une anxiété vague, une espèce de remords. Sa vie n’est-elle pas confinée à la griserie d’être riche et à la fièvre de l’être chaque jour davantage ? Est-il d’autres fiertés qui le soulèvent, d’autres enthousiasmes qui le secouent ? Autour de lui, la religion ne flotte-t-elle pas comme une buée froide ? Elle est un devoir hebdomadaire